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2020/02/17 - TEXTE/ Ma dissonance cognitive

Dernière mise à jour : 16 mars 2021

7 CONSEILS POUR DEVENIR UN PHOTOGRAPHE VRAIMENT ECO RESPONSABLE

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1. MATERIEL

- Achètes-toi un appareil photo deuxième main dont la solidité permet une durabilité optimale. C’est-à-dire un boîtier d’avant l’obsolescence programmée qui sévit à l'ère digitale. L’un des derniers modèles de ce type est, à ma connaissance, le NIKON FM2 (boîtier mécanique conçu pour la guerre du Vietnam. Quasiment indestructible). S’en procurer 2 ou 3 exemplaires afin de disposer de pièces de rechange en cas de pépin. Apprends à le réparer toi même.

Mais attention ! C’est un boîtier argentique, technique particulièrement nocive pour l’environnement (utilisation de produits chimiques toxiques, usage de papier et de plastique).

D’un autre côté, comme évoqué plus haut, les appareils photo numériques ne sont pas vraiment conçus pour durer et contiennent une bonne dose de terres rares en provenance d'Afrique, voir même (oh comble de l’horreur!) de Chine.

Lances-toi dans un sérieux comparatif pour déterminer quel est le moins pire. Bon courage…

A ce propos, méfies-toi aussi des smarts phones, parce qu’avec la 5G, je ne sais pas si tu es au courant, mais ça va partir en live pour de bon.


2. MEDIAS

- Laisses tomber les réseaux sociaux, leur nombrilisme malsain et leurs shoots de dopamine. Oublies Facebook, Instagram et consorts. Ils nous rendent tous complètement maboules et détournent notre attention de la vraie vie, des authentiques relations humaines.

Il y a beaucoup, beaucoup trop d’images produites. Les chiffres donnent le tournis :

« Plus de trois milliards d'images circulent chaque jour sur les réseaux sociaux, et pendant que tu lis cette phrase, environ deux millions sont en circulation. »

Cette hyperproduction représente une empreinte écologique colossale.

La gestion, le stockage et le transport - fut-il numérique - d’une telle profusion de données requière énormément d’énergie et de travail humain, souvent délocalisé et sous payé.

Impossible, en tant qu’artiste conscient du monde, de ne pas prendre en compte cette terrible réalité.


3. VOYAGE

- Réduire son empreinte écologique, c’est aussi calmer ses ardeurs expansionnistes. Renies ton goût immodéré pour les voyages. Ce bon vieux mythe du photographe baroudeur au teint halé, toujours entre deux avions, est complètement has been.

Au cas où ça te démangerait encore, abstiens-toi de débarquer dans les pays du sud pour dénoncer la misère du monde. C'est totalement anti décolonial! D'ailleurs, si tu veux de l'exotisme ou de la pauvreté, tu n'as plus qu'à descendre en bas de chez toi. Il y a largement de quoi faire.

Toi qui t'es tant vanté d'aller à New-York, London, LA, Tokyo, Cape Town, lâche l'affaire ! Ton bilan carbone est tellement dégueulasse que, même en vivant 150 ans, tu ne planterais jamais assez d’arbres pour compenser.

Dorénavant, Parisien que tu es, concentres-toi plutôt sur l’Ile de France.


4. SEXE

- Si tu appartiens à cette catégorie d’hommes hétéros qui considère la photographie de mode comme un raccourci permettant d’accéder à bon compte aux corps graciles de belles ingénues, te voilà au sommet du mauvais goût. Les amazones post #metoo - particulièrement celles de plus de 45 ans - voient d’un œil hostile le machisme old school des pygmalions d’opérette de ton espèce.

Au moindre faux pas, elles pourraient se charger de te le faire payer au prix fort.


5. PROJETS & LIVRES

- Oublies cette mentalité selon laquelle un bon artiste devrait produire énormément. Toute surenchère mégalomane est néfaste pour la planète. Et je ne te parle même pas d’esprit de compétition. Deviens sobre et modeste! Evites les projets spectaculaires, grandiloquents et coûteux. Préfères-leur les actions de proximité, à faible empreinte écolo. Recycles tes archives ou sers-toi d'images récupérées à droite et à gauche. Ne montres tes photos, de préférence, que dans ton quartier. Au pire, prends le train, mais ne t’éloignes pas trop.


Toi, je sens que tu es du genre qui adores les livres. N’est-ce pas le meilleur support pour valoriser ton œuvre? Ou conserver celles des artistes que tu admires ? Maintenant que tu connais leur impact sur les arbres, tu vas te montrer raisonnable et renoncer définitivement à ta lubie de collectionner livres et magazines.


6. SHOW BIZ

- Débarrasses-toi illico presto de ta fascination pour le pouvoir, l’argent et la célébrité. Il est grand temps de valoriser de nouveaux héros ? De celles et ceux qui travaillent à sauver le monde, en marge de la société du spectacle. Greta Thunberg? Pierre Rabhi ? Aurélien Barraut ? Alain Damasio ? Cyril Dion ? Pablo Servigne ? Déjà grillés. Beaucoup trop médiatisés pour rester crédibles. Fais plutôt la tournée des ZAD. Du moins, de ce qu’il en reste. Ou organises-toi un grand reportage, du genre 6 mois en immersion dans une communauté de la Drôme. Ca c’est du récit alternatif !


7. PERSPECTIVES

- Tu commences à piger où je veux en venir ? Photographe n’est pas vraiment ce qui s’appelle un métier résilient. Avec l’effondrement qui nous pend au nez, le mieux serait, à mon avis, de quitter le navire avant qu’il ne t’entraine vers le fond.

Mets-toi au vert et lances-toi plutôt dans l’élevage de poulets bios. La permaculture, ça te parle ? Voilà qui a de la gueule !

Au pire, avec tes capacités relationnelles et ta compétence de manipulateur de symboles, tu pourrais te reconvertir en gourou du développement personnel.

Ou alors tiens ! Avec ton sens esthétique, pourquoi ne pas te réinventer en artisan ? Artisan du bois de récupération ? C’est noble le vieux bois, non ? Et surtout beaucoup moins vicieux, et plus utile que les images.

HR

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