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2023/01/25 - PHOTO ET TEXTE / Anthropocène

Dernière mise à jour : 30 janv.




Brazzaville, 2004

LA DECOUPE DU MONDE


Nous avons découpé le monde. Nous l’avons fractionné, quadrillé, chiffré, ordonné, tracé, scindé, haché, sabré, pixélisé, pour mieux le maitriser.

Par soucis d’efficacité, nous avons mis en œuvre tous les moyens dont nous disposions. À commencer par le langage, lui-même ordonnateur des représentations et des imaginaires.

Dans cette quête effrénée, nous avons altéré nos sens, affaiblissant beaucoup de nos facultés naturelles. En essayant d’apprivoiser toute la complexité de notre environnement, nous avons amoindri nos pouvoirs perceptifs. En faisant des machines des interfaces entre nos corps et le tangible, nous nous sommes éloignés de nous-mêmes, tandis que nos consciences, captives de flux numériques invasifs, se sont atrophiées.

En morcelant la nature – dont nous nous sommes séparés – nous avons minimisé les subtiles interactions qui relient toutes choses, jusqu’à perdre de vue l’immensité des potentiels.

Notre vision du monde est étriquée, séparatiste, traversée d’angoisses de mort, et dominée par des pulsions irrépressibles.

Nous ne sommes, finalement, maitres de rien.

La vraie question est : comment sortir de ce piège mortel ? À défaut de solutions, il y d’autres voies possibles, une infinité de chemins.

À condition de se libérer de ce qui nous conduit au désastre annoncé.

Ouvrir les vannes, décloisonner, déconstruire nos modes de pensée, nos façons d’être au monde. Par exemple, sentir, puis intégrer qu’un arbre n’en est un que parce que nous l’avons décidé pourrait être un premier pas. Si nous allégions cet être de toute appellation, il deviendrait pure potentialité. Une créature sans limite ni frontière. Une entité indéfinie, à redécouvrir, réinventer sans cesse. Une présence dynamique, à la fois intégrée et distincte de tout ce qui est, nous-même compris.


HR

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